
Au milieu du vingtième siècle, alors que se joue la fin de l’empire colonial français, des penseuses et militantes noires s’engagent au cœur des grands mouvements de décolonisation. Encore bien trop méconnues aujourd’hui, Suzanne Césaire, Paulette Nardal, Eugénie Éboué-Tell, Jane Vialle, Andrée Blouin, Aoua Kéita et Eslanda Robeson sont pourtant des protagonistes majeures de luttes autant locales que globales. Explorant leurs écrits et leurs archives, Annette Joseph-Gabriel propose un chemin alternatif à un récit des décolonisations jusqu’ici très centré sur les figures masculines. Revendiquant l’égalité et usant du langage de la citoyenneté, ces militantes imaginent de nouvelles identités situées entre la France, l’Afrique, les Caraïbes, la diaspora et le Sud global. Elles remettent en cause les bases du colonialisme en affirmant la multiplicité de leurs appartenances politiques et culturelles. L’ouvrage exhume des parcours passionnants et montre les convergences de pensée entre ces actrices des décolonisations – toutes se battent pour une plus large représentation et participation politique des femmes – sans aplanir leurs divergences stratégiques parfois profondes. Il construit ainsi une histoire complexe du féminisme noir, en suivant l’histoire de son tissage transnational.